mercredi, 4 avril, 2018
Comment améliorer le cardio du cheval ? Après un break hivernal et avant de débuter le travail spécifique du cheval, le développement du système cardio-respiratoire est souvent une étape clé pour obtenir une condition physique optimale.
Retrouvez dans cet article 3 séances qui vous aideront à bien travailler le système cardio-respiratoire de votre cheval, et notamment l’endurance fondamentale.
Cette sollicitation cardio-respiratoire va permettre d’obtenir des adaptations physiologiques essentielles comme :
Muscler son cœur c’est en fait le faire s’adapter à l’effort en augmentant le flux sanguin qu’il pourra traiter à chaque battement. Ainsi plus votre cheval progresse, plus son cœur devient performant c’est-à-dire qu’en se musclant il aura moins besoin de battre vite pour livrer la même quantité de sang “frais” à l’ensemble du corps et en particulier aux muscles. Les muscles auront ainsi plus d’oxygène frais disponible et pourront ainsi produire plus d’énergie grâce à la filière aérobie.
La sollicitation cardio-respiratoire permet de développer des vaisseaux capillaires efficaces au sein des muscles. Ces vaisseaux délivrent ainsi une quantité d’oxygène plus importante aux cellules musculaires. Ce travail permet également d’augmenter le nombre de mitochondries. La mitochondrie étant considérée comme la « centrale énergétique » de la cellule, car c’est là que se déroulent les dernières étapes qui permettent de transformer l’énergie des molécules organiques issues de la digestion (glucose) en énergie directement utilisable par la cellule (ATP).
Lors d’entraînements en endurance, le système aérobie (utilisation de l’oxygène comme principale source énergétique) du cheval devient performant. Ainsi ses réserves d’énergie intra-musculaires, sous forme de glycogène musculaire, sont davantage épargnées aux allures modérées et s’épuisent moins rapidement si l’effort se poursuit dans le temps. Avec l’entraînement le cheval parviendra à préserver ses stocks d’énergie immédiatement disponible pour un sprint final ou toute accélération ponctuelle.
Le travail cardio-respiratoire permet également de développer la capacité de récupération de l’organisme pour le rendre plus apte à supporter les charges d’entraînement.
« Ce n’est pas parce que deux chevaux réalisent le même effort à la même fréquence cardiaque qu’ils travaillent aussi dur l’un que l’autre ! » – Dr. J. Guillaume
La Dr. Justine Guillaume nous partage ses secrets et conseils pour entraîner l’endurance fondamentale de votre cheval sur 3 séances.
L’endurance fondamentale consiste à solliciter le système cœur-poumons de manière à améliorer la manière dont l’oxygène est utilisé par votre cheval. L’entraîner en endurance fondamentale consiste à le travailler à des fréquences cardiaques inférieures à 70% de sa fréquence cardiaque maximale (FCMax). Travailler dans cette zone lui permettra d’optimiser l’utilisation de l’oxygène par ses muscles, de diminuer au fur à mesure sa fréquence cardiaque d’exercice et de repos.
Pour intégrer du ludique dans cet exercice, n’hésitez pas à aller en extérieur et de profiter des dénivelés que peuvent offrir les environnements. En plus de solliciter efficacement le système cardio-respiratoire, son mental vous remerciera !
Commencez par 10 minutes de pas suivi de phases de trot lent pour débuter votre séance. Au cours de cette phase d’échauffement, il est préconisé de débuter sans contraintes mécaniques au cheval. N’oubliez pas que l’objectif est d’échauffer « la mécanique ».
Si vous travaillez en carrière, vous pourrez ainsi réaliser des figures type voltes, voltes inversées, puis initier quelques exercices de mobilisation (hanches, épaules) en fin d’échauffement. Le but est de rendre votre cheval disponible et à l’écoute. Le top du top, c’est bien sûr d’obtenir cet état en toute décontraction !
Poursuivez par des phases de trot à vitesse lente/moyenne (environ 13 – 16 km/h), qui devront durer 5 à 8 minutes. La fréquence cardiaque de votre cheval ne devra pas excéder 150-160 bpm (soit environ 60 % de sa FCmax*).
Pensez à aménager des temps de récupération au pas rênes longues entre chaque phase de trot. La durée de ces phases de récupération au pas doit être d’au moins 2 minutes.
Ensuite, travaillez votre cheval au galop. Préconisez des galops lents et dans le calme. Réalisez au moins 3 phases de galop dans la séance et veillez à ne pas aller au-delà de 23-24 km/h. Si vous travaillez en carrière, pensez à varier les figures !
Enfin, terminez votre séance sur une phase de récupération. C’est important de finir sa séance sur une note positive et détendue. La récupération doit débuter par une phase de trot lent (environ 10 km/h) puis par du pas, rênes longues si possible ! En hiver, n’oubliez pas de recouvrir les reins de votre cheval une fois au pas !
A savoir !
* La fréquence cardiaque maximale d’un cheval est en moyenne située entre 195-240 battements par minute. La FCmax diminue avec l’âge et est spécifique à chaque cheval. Il est donc recommandé de la mesurer via un test d’effort pour être plus précis !
Cette séance est à effectuer en extérieur ! Repérez une grande montée dans les alentours, dans l’idéal 1 km de côte, elle sera votre outil de travail pour cette séance.
Après une phase d’échauffement au pas et au petit trot de 15-20 minutes en carrière ou dans un champs par exemple, direction la côte. Durant cette phase d’échauffement, laissez marcher et trotter votre cheval sans contrainte. L’objectif de cette séance n’est pas un travail technique mais bien le fond !
Débutez la côte au petit trot (à une vitesse de 12-14 km/h) et essayez de maintenir une allure constante toute la durée de la montée.
Si la condition physique de votre cheval ne permet pas de faire toute la côte au trot, vous pouvez la diviser en trois zones :
Plusieurs indicateurs vous permettront d’évaluer cela ; la respiration de votre cheval, sa transpiration et surtout sa fréquence cardiaque !
Note : Il sera normal d’observer une élévation importante de la fréquence cardiaque dans la côte même au petit trot (jusqu’à 180-190 bpm).
Enfin, terminez cette séance par une phase de récupération au trot tout d’abord et ensuite au pas rênes longues.
Cette dernière séance peut être effectuée en extérieur ou en carrière. En extérieur, repérez une zone qui vous permette de trotter pendant au moins 20 minutes consécutives. Sinon, vous pouvez tout à fait aller en carrière pour cette partie de la séance.
Echauffement au pas : commencez par marcher pendant 5 minutes au pas ‘normal’, puis terminez cette phase par une minute de pas actif. Si vous travaillez en carrière, pensez à varier les figures (cercles, mobilisations des hanches et épaules, …).
Ensuite, effectuez deux séries de trot à une vitesse lente (< 13 km/h) pendant 20 minutes chacune. Entre ces deux séries, pensez à aménager une phase de récupération de 5-6 minutes au pas, rênes longues.
Enfin, terminez cette séance par une phase de récupération au pas, rênes longues.
Astuce !
Pour complexifier cette séance, n’augmentez jamais la vitesse ! En revanche vous pouvez faire des séries de trot de 23-25 minutes, ou encore 3 séries de 15 minutes.
Dr. Justine Guillaume Ph.D Nutrition Equine & |
Justine Guillaume est cavalière et propriétaire de chevaux depuis 20 ans. Docteur en nutrition du cheval athlète, elle désire allier la physiologie à l’effort du cheval, la nutrition et la performance pour rationaliser et objectiver l’entraînement.
Aujourd’hui adjointe de direction et chargée des affaires scientifiques et techniques chez Pommier Nutrition, fabricant et distributeur d’aliments complémentaires pour chevaux, elle a développé une entité Equine Performance Solutions, qui consiste en un accompagnement en terme de préparation physique pour les chevaux.
Pour elle, la préparation physique, ce n’est pas seulement des massages ou des soins pour le bien-être. C’est bien plus que cela ! Avant tout, c’est préparer l’organisme à performer tout en conservant son intégrité physique. C’est une activité complémentaire, qui doit servir à l’entraîneur pour mieux connaitre ses athlètes et savoir si son entraînement est efficace. C’est surtout évaluer le cheval et ses qualités physiques à partir de tests d’efforts qui permettront de savoir si l’entraînement est efficace et le cheval progresse, ou s’il est au contraire surentraîné, sous entraîné …
« Les nouveaux outils connectés permettent un accès à une petite partie de leur ‘intérieur’, une mine d’informations ! » – Dr. J. Guillaume
A bientôt !
-L’équipe Seaver